L' heureux jour.
Sonnet 23.
Voicy le jour fatal, où ma jeune Claudine
S' offre à recompenser mes travaux glorieux.
C' est un arrest signé de la terre, et des cieux,
Qu' enfin je dois cuëillir des roses sans espine.
Beauté toute parfaite, ame toute divine,
Miraculeux objet de l' esprit et des yeux ;
Hymen tout dieu qu' il est, me met au rang des dieux,
Puis que j' ay tous les biens que ce dieu nous destine.
Douce possession qui succede aux desirs !
Transports de mon amour d' où naissent mes plaisirs !
J' aime et baise Claudine, elle m' aime, et me baise.
Mes ennuis, mes langueurs, ma constance, et ma foy,
Si je me plains encor, ce n' est que de trop d' aise,
Puisque le bonheur mesme est moins heureux que moy.