La nuit et le jour.
Sonnet 53.
Claudine, absent de toy, je t' apperçois en songe,
Ton image esclattante erre devant mes yeux ;
Ainsi je voy de nuit la lumiere des cieux,
Ou je flatte mes sens d' un si plaisant mensonge.
Mais, o fureur d' amour qui me pique, et me ronge !
Lors que je voy sans toy le soleil radieux,
Je ne voy rien qu' ombrage, et qu' objets ennuyeux,
Qui redoublent les maux où mon ame se plonge.
Sacré flambeau du ciel n' esclaire plus icy,
Puis que pour augmenter ma peine et mon soucy,
Ton jour n' est plus pour moy qu' une nuit eternelle.
Tu nous monstres en vain tes appas superflus ;
Soleil, ton éclat cede à l' éclat de ma belle,
Et je voy mon soleil quand je ne te voy plus.