Epitaphe d' un homme heureux.
Sonnet.
J' ay conjoint le sçavoir avec la modestie
Pendant un si long âge où je suis arrivé ;
Content du peu de bien que Dieu m' a conservé,
L' ambition n' a point mon ame pervertie.
Mon ardeur pour le ciel ne s' est pas alentie
Dans un si doux repos où je me suis trouvé ;
Mais apres que le ciel m' a long-temps esprouvé,
Je retourne au sejour d' où mon ame est partie.
Passant, si ton esprit a quelque sentiment
Qu' il reste quelque chose apres le monument,
Qui ne soit point aux loix de la parque asservie.
Renonce aux vanitez qui t' aveuglent si fort ;
Et meine desormais une aussi belle vie,
Afin de pouvoir faire une aussi belle mort.