L' amante avare.
Sonnet.
Carite me recherche, elle me rend visite,
Dans mon cabinet mesme elle me fait la cour,
Nous y mourons ensemble et de joye, et d' amour,
Et l' amour ou la joye enfin nous ressuscite.
Mais quoy qu' elle soit jeune, et qu' elle ait du merite,
Que ses yeux petillans soient plus clairs que le jour,
Qu' elle m' aime ardamment, que je l' aime à mon tour,
Ma raison me gourmande, et veut que je la quitte.
Je m' estois bien promis qu' en luy donnant mon coeur
J' entretiendrois l' excez de sa nouvelle ardeur,
Mais sans un rayon d' or je la trouve assoupie.
Ravissante beauté tous vos charmes sont vains ;
N' estoit-ce point assez d' avoir d' une harpie
La jeunesse, et les yeux, sans en avoir les mains !