L' amante genereuse.
Sonnet 47.
Ce nuage se creve, et se fond en bruine,
La terre en est blanchie, et le ciel obscurcy ;
Ce bocage languit, ce pré languit aussi,
Et ce vent déchainé, se cabre, et se mutine.
Tout retourne à la ville, et j' y vais sans Claudine,
Puis que c' est mon destin qui me l' ordonne ainsi ;
J' y vais porter ma peine, et traisner mon soucy,
Et maudire sans fin la fievre qui la mine.
Quand je pris congé d' elle au fort de ses langueurs,
Comme l' or adoucit beaucoup d' aspres douleurs,
Je luy laisse un peu d' or, et beaucoup d' esperance.
Mais cette ame sans fard, cet esprit genereux,
Me dit, pleurant son mal, ou plustost mon absence,
Laissez moy vostre coeur, c' est tout l' or que je veux.