Pour Clarice.
Sonnet.
J' avois brisé les fers de mon premier servage,
Et si bien amorty mes secondes ardeurs,
Que je ne croyois pas qu' amour tyran des coeurs
Pust encor triompher de mon libre courage.
J' esprouve toutefois que ce demon volage
A de nouveaux desseins joint de nouveaux malheurs,
Lors que des beaux rayons de deux astres vainqueurs
Il agite mes sens, il me brusle, il m' outrage.
Ô Clarice, ô beauté dont les nobles attraits
Qui percerent mon sein, dans mon sein sont portraits,
Vous serez ma derniere et ma plus vive flâme.
Et dans le sentiment d' un martire si doux,
Mon corps qui dans vos yeux voit son coeur, et son ame,
N' aura plus d' autre coeur, ny d' autre ame que vous.