Pour un scythe.
Tu ne sens plus en toy cette humeur vagabonde
Qui te sollicitoit de courir par le monde,
Lors que tu possedois ta douce liberté.
Tu n' as que trop changé de lieux et de demeures ;
Il est temps desormais, o scythe, que tu meures,
Ou que tu sois icy pour jamais arresté.
Celle qui te captive est trop chaste et trop belle,
Pour te resoudre enfin à te separer d' elle ;
Sers-là donc en dépit de ses cruels desdains ;
Tiens pour orner son front mille couronnes prestes,
Car les traits de ses yeux ont fait plus de conquestes,
Que n' en ont jamais fait tous les traits de tes mains.