Le prevoyant.
Sonnet 5.
Vous me persecutez avec vos traittemens,
Puisque vostre bonté mes affaires empire ;
Quand vous me regalez ma famille souspire,
Dois-je immoler sa vie à mes contentemens ?
Encor que mon esprit cede à vos sentimens,
Qu' à toutes vos humeurs mon humeur soit de cire,
Il n' est pas tousjours temps de chanter, et de rire,
Lors que l' on veut bastir sur de bons fondemens.
Pour moy je veux mesler l' utile au delectable,
Les travaux de l' estude aux plaisirs de la table,
Qui conseille autrement n' est pas fidelle amy,
Ce n' est pas que je sois d' une humeur inegale ;
C' est que pour amasser je dois vivre en fourmy,
De crainte qu' en chantant je ne meure en cigale.