Au zephir.
Durant de grandes chaleurs.
Ode.
Cheres delices de ces lieux,
Petit zephir de qui l' haleine
En despit de l' esté rameine
Un printemps doux et gracieux ;
Hoste eternel de ce bocage
Qui te glisses dans son fueillage,
Où tu goustes mille plaisirs,
Esteins cette ardeur vehemente ;
Ou d' autant plus qu' elle s' augmente,
Augmente l' air de tes souspirs.
Cloris languit, elle se pasme
Aux rais du celeste flambeau ;
Voy son front qui verse autant d' eau,
Que ses yeux élancent de flame ;
Ne souffre pas qu' un si beau corps
Cede à tant d' injustes efforts ;
Flatte-là du vent de ton aisle ;
Zephir, tu n' auras pas moins d' heur,
De rafraischir ainsi ma belle,
Que moy de sentir son ardeur.
Ainsi l' haleine audacieuse
Des aquilons et des autans,
Ne trouble point les passetemps
De ta course delicieuse.
Ainsi le ciel puisse tousjours
Voir en l' objet de tes amours
De nouvelles graces esclorre ;
Ainsi changeant tes pleurs en ris,
Tu sois autant aimé de Flore,
Que je suis aimé de Cloris.