Sur une pastorale.
Sonnet.
Ce n' est plus à la cour que je fais ma retraitte,
Je ne suis plus touché des pompes que j' aimois,
Depuis que dans le sein des antres et des bois,
Les echos m' ont appris les airs de ta musette.
Là mon ame joüit de ce qu' elle souhaitte,
Là tu flattes nos sens d' une si douce voix,
Qu' à la fin pour t' oüir les princes, et les roys
Desdaigneront leur sceptre, et prendront la houlette.
Esprits, qui consumez le plus beau de vos ans
Pour acquerir du bruit entre les courtisans,
Ne soyez plus si vains dans le siecle où nous sommes :
Quoy que vous estimiez vos travaux glorieux,
Vous ne sçavez que l' art de contenter les hommes,
Mais Aminte ravit les nymphes, et les dieux.