À une forest.
Sonnet 4.
Vaste, et sombre forest, de qui le haut feüillage
Va chercher le soleil qu' il aime, et qu' il destruit ;
Puis que c' est dans ton sein que mon sort me conduit,
Ne me refuse point ton plus secret ombrage.
J' espere tant de toy, que ce demon volage,
Qui dans tout autre lieu m' obsede et me poursuit,
Ne forcera jamais cette eternelle nuit,
Où je veux escouler le reste de mon âge.
Mais que dis-je, insensé ? Fuyons, fuyons d' icy,
Puis que desja l' amour augmente mon soucy,
Qu' il irrite ma playe, et la rend plus profonde.
Soleil, pourquoy faut-il qu' approchant de ces lieux,
Tu ne m' y puisses voir, toy qui vois tout le monde,
Et que l' amour m' y voye, encor qu' il n' ait point d' yeux ?