Inquietude.
Sonnet 49.
Je languis dans l' espoir, je languis dans la crainte,
D' apprendre de ma vie, ou l' heur, ou le malheur,
Si l' ennuy de Claudine augmente sa paleur,
Ou si la gayeté sur son visage est peinte.
Que parmy son nectar l' amour mesle d' absynthe !
Il partage la joye avecque la douleur ;
Dans son plus beau verger l' espine est sous la fleur,
Et ce verger encor n' est pas sans labyrinthe.
Ô Claudine, ô mon coeur, ne reverray-je plus
Dans leur premier esclat tes astres absolus,
Reduire sous ta loy l' ame la plus rebelle ?
Si ce bonheur m' advient, je croiray desormais,
Quand la mort t' assaillit, que tu triomphas d' elle,
Et qu' un trait de tes yeux repoussa sous ses traits.