ACTE 3 SCENE 1
Valerie, Tullie.
Valerie.
Non, rien ne peut calmer le trouble qui m' agite.
D' où vient que, sans me voir, Servilius me quitte ?
Qu' un autre vient, pour luy, me porter ses adieux ?
Quel est de son départ le but mysterieux ?
Quel dessein forme-t' il, lors que Rome l' exile ?
Il vient d' entretenir Manlius et Rutile.
Est-ce par leur conseil, que s' éloignant de moy,
il commence à cacher ses secrets à ma foy ?
Mais quelque espoir me reste, et fait que je respire.
Il est chez Manlius. On vient de te le dire.
Je veux le voir sortir, je veux l' attendre icy.
Tullie.
Madame, quel sujet vous peut troubler ainsi !
Craignez-vous qu' un héros si grand, si magnanime
vous veuille abandonner au sort, qui vous opprime ?
Connoissez-vous si mal un coeur si genereux ?
Ah ! Perdez des frayeurs indignes de ses feux.
De sa fidelité vos malheurs sont un gage.
Et comment pouvez-vous en prendre tant d' ombrage,
vous, qui si hautement, faites voir en ce jour,
que le sort ne peut rien contre un parfait amour ?
Valerie.
Déja, sur ces raisons j' ay condamné ma crainte :
mais à peine mon coeur en repousse l' atteinte,
que troublant le repos qu' il commence à gouter,
d' autres soupçons affreux le viennent agiter.
Je ne sçaurois plus vivre en ce cruel supplice,
Tullie. Avant qu' il parte, il faut qu' il méclaircisse.
Tullie.
J' entens ouvrir. C' est luy, madame.
Valerie.
Laisse nous.