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Il n'est que la jeunesse, ami, pour être heureuse,
Que la belle jeunesse éclatante et rieuse.
Oh! courir tout le jour sur des chevaux ardents!
Nager dans le ciel vaste aux nuages flottants!
Oh! rêver suspendu sur la vallée immense,
Dans la nuit claire, au fond d'un roc noir qui s'élance!
Quand, dans la longue allée, elle passe le soir,
Oh! détourner les yeux et cependant la voir!
Si la valse en riant s'est heurtée à la fête,
L'emporter d'un bras fort, si blanche et si bien faite!
Vivre d'amour, de joie et rendre grâce aux dieux,
De l'immense horizon, de la clarté des cieux!
Suave et doux matin! Oh! jeunesse amoureuse!
Moi pour un peu d'amour je donnerais mes jours
Et je les donnerais pour rien sans les amours;
Car, hélas! sans amours qui voudrait de la vie?
A ce festin désert, dis-moi qui te convie?
Qu'apportes-tu de miel à ce breuvage amer?
Quoi! tu n'as pas d'étoile et tu vas sur la mer?
Au combat sans musique, en voyage sans livre?
Quoi! tu n'as pas d'amour et tu parles de vivre?
Dis-moi si le présent pour toi ne peut cesser;
Quand ton hôte t'ennuie, à quoi peux-tu penser?...
Oh! demande à ces monts géants, à leurs prairies,
Quels songes, fils du ciel, peuplent mes rêveries,
Si, près d'un lac d'argent, dans l'herbe où je m'assois,
Regardant l'eau, les fleurs, afin qu'une autre fois
Je vienne aux mêmes lieux retrouver mes pensées,
Que sur l'eau, sur les fleurs, mon âme avait laissées?
Mais vivre sans patrie et mourir sans adieux!
Sieds-toi sur la montagne et regarde les cieux!
Et maintenant, dis-moi, n'en sais-tu pas quelqu'une
Aux yeux noirs, au teint blanc comme la blanche lune;
Et telle qu'à son nom ton souffle avec ton coeur
S'arrête, en écoutant le nom de son vainqueur?