POESIES POSTH. CIGALE
De l' ardente cigale
j' eus le destin,
sa récolte frugale
fut mon festin.
Mouillant mon seigle à peine
d' un peu de lait,
j' ai glané graine à graine
mon chapelet.
" j' ai chanté comme j' aime
rire et douleurs ;
l' oiseau des bois lui-même
chante des pleurs ;
et la sonore flamme,
symbole errant,
prouve bien que toute âme
brûle en pleurant.
" puisque amour vit de charmes
et de souci,
j' ai donc vécu de larmes,
de joie aussi.
à présent, que m' importe !
Faite à souffrir,
devant, pour être morte,
si peu mourir. "
la chanteuse penchée
cherchait encor
de la moisson fauchée
quelque épi d' or,
quand l' autre moissonneuse,
forte en tous lieux,
emporta la glaneuse
chanter aux cieux.