ELEGIES DETACHEMENT
Il est des maux sans nom dont la morne amertume
Change en affreuses nuits les jours qu' elle consume.
Se plaindre est impossible ; on ne sait plus parler ;
Les pleurs même du coeur refusent de couler.
On ne se souvient pas, perdu dans le naufrage,
De quel astre inclément s' est échappé l' orage.
Qu' importe ? Le malheur s' est étendu partout :
Le passé n' est qu' une ombre, et l' attente un dégoût.
C' est quand on a perdu tout appui de soi-même,
C' est quand on n' aime plus, que plus rien ne nous aime,
C' est quand on sent mourir son regard attaché
Sur un bonheur lointain qu' on a longtemps cherché,
Créé pour nous, peut-être ! Et qu' indigne d' atteindre,
On voit comme un rayon trembler, fuir... et s' éteindre.