Automne
Sur le versant du mont les arbres
Se dévêtent de leurs atours
Qui s'en vont recouvrir les marbres
Des tombeaux aux sombres contours.
Les collines se font plus blanches,
Le ciel d'azur se fait plus gris,
Et les petits hôtes des branches
Ne troublent plus l'air de leurs cris.
Qu'est-ce donc qu'apporte l'automne
Dans les plis de son manteau noir?
Que dit sa plainte monotone
Aux vieilles tours quand vient le soir?
Et pourquoi l'humble violette
Qui charmait souvent nos ennuis
Ne fait-elle plus sa toilette
Au sortir de ces longues nuits?
Ah! c'est que, déployant ses ailes,
Le froid hiver va revenir
Chasser les pauvres hirondelles
Que d'autres cieux voient accourir.
Le temps des illusions passe,
Tout reprend sa réalité,
Et souvent le moindre vent casse
Plus d'un grand chêne à tort vanté.
Mais laissons-là, mon adorée,
La nature avec ses frimas,
Que nous importe la durée
Ou la rigueur de ses climats.
N'avons-nous pas un coin de terre
Où le soleil reluit toujours
Pour y couler, dans le mystère,
Les folles heures des amours.