PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Léon Dierx (1838-1912) LA RUINE

Aller en bas 
AuteurMessage
James
FONDATEUR ADMINISTRATEUR
FONDATEUR ADMINISTRATEUR
James


Masculin
Dragon
Nombre de messages : 152304
Age : 60
Localisation : Mon Ailleurs c'est Charleville-Mézières
Date d'inscription : 04/09/2007

Léon Dierx (1838-1912) LA RUINE Empty
MessageSujet: Léon Dierx (1838-1912) LA RUINE   Léon Dierx (1838-1912) LA RUINE Icon_minitimeMar 13 Nov - 22:26

LA RUINE

A Auguste Villiers De L' Isle-Adam.

L' esprit mystérieux au vague ou bref chemin
Qui par moments nous prête un regard surhumain,
Le rêve, m' a montré ce que n' a vu personne:
C' était, sous un air lourd qui jamais ne frissonne,
Un continent couvert d' arbres pétrifiés,
Si puissants, que jadis lorsque vous triomphiez,
Vieux chênes! Auprès d' eux vos chefs les plus robustes
Et les plus hauts à peine auraient fait des arbustes.
D' énormes ossements perçaient de tous côtés,
Pareils à de grands rocs affreux qu' auraient sculptés
De durs géants jaloux du féroce prodige
De la création à son premier vertige;
Et c' était quelque part, aux confins ignorés
De la terre, ou peut-être au fond des flots sacrés;
Et le plus effrayant de ce monde effroyable
C' était, au centre et hors des épaisseurs du sable,
Un temple ruiné, mais colossal encor
Mille fois plus que ceux de Karnak et d' Angkor!

Des escaliers sans fin, portant des avenues
De monstres, s' étageaient, s' écroulaient dans les nues
Dont ils semblaient former le lit torrentiel;
Des arches d' un seul bloc aux largeurs d' arc-en-ciel
Se croisaient, unissant des porches, des colonnes,
Tels que n' en ont jamais conçu les Babylones,
Et s' élevaient toujours, toujours, sous des monceaux
Démesurés de tours, de portiques, d' arceaux,
De chapiteaux massifs où des bêtes hybrides
Sur leurs trompes en l' air tenaient des pyramides.
Des frontons d' une lieue allaient se prolongeant;
Des portes toutes d' or dans des murs tout d' argent
Étincelaient parmi des Alpes de décombres;
Des abîmes de nuit s' engouffraient sous les ombres;
Et partout, jusqu' au faîte, un million de dieux
Enveloppés ou nus, aveugles ou pleins d' yeux,
Noirs et ramifiés comme des madrépores,
Ou sans bras, éclatants comme des météores,
Debout, assis en cercle, accroupis ou rampants,
Enfouis jusqu' au ventre ou restés en suspens,
Horribles, couronnés de forêts en spirales,
Ou de mitres ayant l' ampleur des cathédrales,
Pullulaient, remplissant de leurs difformités
Les quatre sections des cieux épouvantés.
Et bien avant Babel, bien avant l' Atlantide,
C' était l' oeuvre fameuse et la cariatide
D' un orgueil qui bouillonne avec le globe entier,
Bâtie avec le sang des vaincus pour mortier;
La merveille des jours plus lointains que cet âge
Dont la fable cherchait le confus héritage;
Et des siècles de vie où la douleur hurla,
Toute une formidable histoire dormait là,
Du haut en bas gravée en langue originelle
Sur le bronze inusable et la pierre éternelle,
Au fond de l' invisible et du silence, au fond
De l' oubli, derniers dieux en qui tout se confond.



_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James
Léon Dierx (1838-1912) LA RUINE Une_pa12Léon Dierx (1838-1912) LA RUINE Plumes19Léon Dierx (1838-1912) LA RUINE Miniat14Léon Dierx (1838-1912) LA RUINE James_12Léon Dierx (1838-1912) LA RUINE Confes12

Léon Dierx (1838-1912) LA RUINE Sceau110
Revenir en haut Aller en bas
https://www.plumedepoesies.org
 
Léon Dierx (1838-1912) LA RUINE
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Léon Dierx (1838-1912) CE SOIR
» Léon Dierx (1838-1912) La Vision d’Ève I
» Léon Dierx (1838-1912) Souré-Ha VI
» Léon Dierx (1838-1912) OBSESSION
» Léon Dierx (1838-1912) La Vision d’Ève II

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: