XII. A Vénus
Ayant après long desir
Pris de ma doulce ennemie
Quelques arres du plaisir,
Que sa rigueur me dénie,
Je t'offre ces beaux oeillets,
Vénus, je t'offre ces roses,
Dont les boutons vermeillets
Imitent les lèvres closes,
Que j'ay baisé par trois fois,
Marchant tout beau dessoubs l'ombre
De ce buisson, que tu vois:
Et n'ay sceu passet ce nombre,
Pource que la mere estoit
Auprès de là, ce me semble,
Laquelle nous aguettoit:
De peur encores j'en tremble.
Or' je te donne des fleurs:
Mais si tu fais ma rebelle
Autant piteuse à mes pleurs
Comme à mes yeux elle est belle,
Un Myrte je dédiray
Dessus les rives de Loyre,
Et sur l'écorse escriray
Ces quatre vers à ta gloire:
Thenot sur ce bord icy,
A Venus sacre et ordonne
Ce myrte, et luy donne aussi
Ces troppeaux et sa personne.
Thyrsidis vota Veneri
Quod tulit optata tandem de Leucade, Thyrsis
Fructum aliquem, has uiolas dat tibi, sancta Venus.
Post sepem hanc sensim obrepens, tria basia sumpsi:
Nil ultra potui: nam prope mater crat.
Nunc uiolas, sed plena feram si uota, dicabo
Inscriptam hoc myrtum carmine, Diua, tibi:
Hanc Veneri myrtum Thyrsis, quod amore potitus,
Dedicat, atque una seque suosque greges.
A. NAVAGERO