III
Des siècles expirés franchissant les ténèbres,
Race éteinte, pourquoi, sur des tons si funèbres,
Viens-tu jeter dans nos festins,
Comme un reproche amer, l'hymne de l'espérance
Où, jadis, saluant l'étendard de la France,
Tu croyais charmer les destins?
Viens-tu nous annoncer que l'espoir n'est qu'un rêve,
Que tout change ici-bas sans retour et sans trêve,
Que tout sentier mène au néant?
Qu'avec Tyr et Sidon, Babylone et Palmyre,
Des peuples, des héros, grands noms que l'on admire,
Nul n'échappe au gouffre béant?
Que semblable au torrent de la marée avide,
Des enfants d'Albion l'invasion rapide
Nous fera sentir ses rigueurs?
Que nos fils parleront une langue étrangère,
Que les traditions apprises de leur mère
Ne ferons plus battre leurs coeurs?
Ah! cesse de troubler nos fêtes patronales!
D'un plus noble avenir nos brillantes annales
Offrent des gages glorieux.
Silence! un chant plus doux module à notre oreille
Les refrains endormis que ce beau jour réveille.
Écoutons la voix des aïeux!