PLUME DE POÉSIES
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 Honoré Harmand (1883-1952) Du Passé au Présent

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James
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MessageSujet: Honoré Harmand (1883-1952) Du Passé au Présent   Honoré Harmand (1883-1952) Du Passé au Présent Icon_minitimeVen 1 Mar - 18:01

Du Passé au Présent
21 septembre 1906

Que de fois attentif à tous les bruits divers
Venant à mon oreille ai-je écrit dans mes vers
Le bonheur de la Vie ainsi que ses chagrins
Et soulevé son poids si pesant à mes mains
Que de fois n'ai-je pas admiré ses chimères
Vécu comme un mortel ses plaisirs éphémères
Et senti dans mon coeur dormir d'un lourd sommeil
Le Passé fugitif et tragique ou vermeil
Suivant que mes pensers s'attachant à son règne
Me rappelaient l'amour et les lois qu'il enseigne
Ou les parfums perdus et les jours gaspillés
Dont à peine en mon coeur les débris sont restés
Me prenant à témoin des secrets de la Terre
J'ai voulu m'expliquer cet étrange mystère
Qui plane dans le Ciel, dans l'ombre de nos coeurs
Je me suis demandé pourquoi de nos douleurs
Nous faisons-nous un jeu aux jours de la jeunesse
Pourquoi n'avons-nous pas un frisson de tristesse
Au tendre souvenir de nos plus jeunes ans
Quand d'un pas incertain nous allons souriants
Dans le sentier en pente ou sur la longue route
Sans déchirer notre âme aux épines du Doute
Sans nous préoccuper des décrets du Destin
Pour le jour d'aujourd'hui cherchant un lendemain
Ressemblant à celui qui passe et qui s'efface
N'ayant qu'un seul souci c'est de combler la place
Que le jour disparu laisse après son trépas
Pourquoi, pour quelle cause ? Hélas, je ne sais pas !
Peut-être cet instinct doublé d'intelligence
Est-il chez nous un don de dame Providence
Et vivons-nous les jours sans nous les expliquer
Je le crois à cet âge on ne sait pas pleurer
On ne sait pas comprendre et l'amour et les larmes
A chaque heure qui sonne un ange plein de charmes
Veille sur notre coeur et n'y permet d'entrer
Que les jeux innocents qui peuvent amuser
Notre heureuse jeunesse ou plutôt notre enfance
Age mûr de la vie âge d'insouciance
Où les sombres regrets n'ont aucune moisson
Pour nourrir la vengeance au sein de la Raison
Age où s'ignorent encor les secrets de la vie
Et pour qui la vieillesse eut toujours de l'envie.

Comme d'un livre cher par ses nombreux secrets
Je vais de mon Passé tourner tous les feuillets
Reprenant chaque jour, l'arrêtant dans sa course
Je vais du fleuve mort remontant vers sa source
Suivre le cours caché dans l'abîme du Temps
Revivre mes hivers et mes heureux printemps
Et comme un voyageur chargé d'une besace
Je vais suivre la route et chercher à sa place
Ce que j'y ai laissé dans les jours disparus
Peut-être mes efforts seront-ils superflus
Qu'importe j'entreprends l'intéressant voyage
Du berceau de la Vie aux plaisirs d'un autre âge
Que vois-je aux premiers jours, incertain sur mes pas
Je vis des jours heureux que je ne comprends pas
Je ne saurais pleurer quand mon rêve s'envole
Et déjà quoique jeune on m'entraîne à l'école
Je commence d'apprendre et du matin au soir
Un maître patient éclaire mon savoir
J'apprends des mots bien doux mais chargés de mystère
Et dans mon coeur encor aucun flambeau n'éclaire
Cette route où bientôt s'en va notre Raison
Mais qu'importe ici-bas chaque chose a son nom
Tout respire, s'attache tout à son heure brève
Le coeur a son amour et l'amour a son rêve.

Je grandis lentement à cet âge où nos coeurs
Consacrent à l'étude une part des douceurs
Dont nous distribuons le précieux salaire
L'emploi de notre temps ! L'étude et la prière
Notre moindre penser s'envole vers les cieux
Notre mère nous dit que les êtres heureux
Ont puisé dans la foi leur plus douce espérance
Et que Dieu dans nos coeurs sema la récompense
Des plus petits bienfaits des plus simples efforts
La prière soutient et sait nous rendre forts
Quand avec nos douleurs nous engageons la lutte
Dieu de nos désespoirs sait protéger la chute
D'une ivresse sublime il sait troubler nos coeurs
Et nous faire braver les lâches insulteurs
Je crois, je suis heureux et déjà le mystère
Semble être moins obscur et ma raison plus claire
Croît avoir deviné les comment les pourquoi
Qui se posent toujours comme une grande loi
Dans les jours de la Vie. On m'apprend à connaître
Ce que vaut le bonheur et déjà je pénètre
Dans un rayon plus grand j'ai hâte de savoir
Ce que l'homme doit être et quel est son devoir
Je lis de nos aïeux les combats les victoires
Mais puis-je distinguer dans l'ombre des histoires
Le germe de la Vie et ses tristes secrets
Je ne devine pas les remords les regrets
Dont l'homme s'est servi pour les frais de la guerre
Le paysan reçoit les bienfaits de la terre
Pour acquitter sa dette il offre ses efforts
L'amour exige un coeur et la guerre des morts.

Je ne saurais lutter je n'ai pas besoin d'armes
Je jouis du bonheur sans qu'il veuille des larmes
Pour prix de ses bienfaits. Je n'ai pas de rançon
A fournir au Trésor et ma faible raison
Ne lui prodigue pas mainte reconnaissance
Le bonheur généreux fait crédit à l'enfance
Le Temps passe rapide et des bancs de l'école
Comme un petit oiseau de sa cage s'envole
Je pars j'ai besoin d'air je veux la liberté
Que conçoit de l'enfant la naissante fierté
Je vais, je n'ai plus peur au bord du précipice
Je me hasarde seul sans regarder le vice
Ouvrant devant mes yeux son livre plein d'espoir
Je l'ignore et pour cause il est rose il est noir
A mes yeux étonnés et je crois le connaître
Il me semble facile à vaincre et à soumettre
Je ne saurais faiblir devant ses passions
A quinze ans on ressemble aux jolis papillons
Qui viennent sur la terre en folles envolées
Glaner les belles fleurs par l'abeille oubliées
Nous récoltons les grains par nos pères semés
Mais souvent leurs conseils ne sont pas écoutés
Et dans le champ parfois la faux coupe l'ivraie
Qui se mêle au bon grain. La vertu nous effraye
Sans crainte de rougir nous devons accuser
Ces défauts que les fats se tâchent de cacher
J'entre enfin dans le monde et je commence à vivre
Des mystères obscurs mon âme se délivre
Je travaille à fixer mon esprit vers un point
Que je tâche d'atteindre et ne quitterai point
Qu'au jour où de mes ans la charge un peu trop lourde
Et mon oreille aux bruits vieille deviendra sourde
Quand sur ma tête hélas en devinant mes ans
La jeunesse verra croître des cheveux blancs
Je m'avance et faiblis suivant que la tempête
Gronde plus effrayante au dessus de ma tête
Je commence de voir que lutter est mon sort
Et que le désespoir sait braver le plus fort
Déjà je laisse errer au gré de son envie
Mon rêve qui se heurte aux récifs de la Vie
Quoi ! A cet âge heureux je suis loin du tombeau
L'amour à mes désirs ouvre un monde nouveau
Je me prends à aimer je suis fou de mon rêve
Le Temps se fait rapide et l'heure se fait brève
J'aime je suis aimé que voudrais-je de plus
Rien mon coeur est comblé des désirs superflus
Ne sauraient attrister ma sublime chimère
Je ne veux rien de plus des plaisirs de la Terre
Je ne demande rien à l'oracle des jours
Rien au bonheur d'autrui rien aux folles amours
Qui nous ouvrent la route où notre esprit s'égare
Où le désir toujours avec grâce se pare
Pour plaire aux passions dont nous sommes gourmands
Dont le germe est fécond dans nos cerveaux d'enfants
Mais le mal abreuvé de souffrances perfides
S Ȏveille dans nos coeurs quand les coupes sont vides.

Je vis je suis heureux, crois-je l'être qu'importe
Jusqu'au jour où l'amour va sur la flamme morte
Je ter le dernier souffle et le dernier soupir
Et de cette heure hélas je commence à souffrir
Je pleure et dans mes yeux les douleurs passagères
Jettent un voile sombre et déjà mes chimères
S'envolent pour pleurer dans un premier regret
Le passé disparu. Confiant mon secret
Au page d'un beau livre où j'écris mes souffrances
Je me console un peu. Il sait mes confidences
Le soir je me confesse et ce que j'ai pensé
Je l'écris sur mon livre et je suis consolé
La Mort de sa chanson plaintive et monotone
Berce d'un rêve affreux mon âme qui frissonne
Quand mon rêve d'amour touche encor au passé
Je me plais à revoir où nous avons passé
Elle et moi dans les jours heureux inoubliables
Ici le souvenir des baisers ineffables
Me grise quand je pense à tant de voluptés
Là c'est d'un soir mauvais les regards attristés
Je vais aimant encor le Passé que je glane
Dans le chemin désert mais le silence plane
Où s'entendait le bruit de nos baisers confus
Quand nos coeurs palpitants, troublés et confondus
Exhalaient leur amour. Je m'arrête, j'écoute
Hélas je n'entends rien qu'un passant sur la route
Troublant d'un pas pesant le calme de la nuit
Tout est mort ; le Passé dans le jour qui s'enfuit
N'a pas laissé du rêve un souffle, une fumée
Cependant du foyer la flamme consumée
Dans la cendre parfois laisse un peu de chaleur
Et quand l'amour s'éteint dans la cendre du coeur
Le Passé bien souvent laisse un peu de chimère
Mais là tout est bien mort et Celle qui m'est chère
Ne vient plus écouter dans la brise du soir
La chanson que le vent apportait du manoir
Quand nous venions rêver sous les sombres murailles
Du château ancestral où jadis les batailles
Faisaient se rencontrer de cruels ennemis
Sous l'aile de la Mort les guerriers endormis
Ne s'éveilleront plus aux clartés d'un beau jour.

Le Temps passe et mon coeur écoute un autre amour
Je goûte avidement à son nouveau breuvage
Au livre de mes jours je fixe une autre page
Et je vais parcourant la route du Passé
Je crois le souvenir dans mon coeur effacé
Mais soudain de l'amour la flamme consumée
Dans un regret plus cher, ardente est ranimée
Je chasse loin de moi, loin de mes jours heureux
Le spectre que j'ai vu effrayant à mes yeux
Mais cruel il s'attache ; il m'affronte, il persiste
Il me suit je le chasse, un instant je résiste
Mais bientôt je succombe et mon coeur affaibli
Fait place au souvenir et se tait à l'oubli
Je sens que des douleurs la marche plus rapide
Va me frapper bientôt. Le torrent intrépide
Entraîne dans ses flancs une part des cités
Et ses flots bouillonnants ne sont pas arrêtés
Par le chêne géant et la plus lourde masse
Semble trembler de peur devant le flot qui passe
Ne ressemblons-nous pas à ce chêne géant
Entraîné par les flots déchaînés du torrent
Et quand de nos douleurs la vague échevelée
Heurte brutalement notre oeuvre inachevée
Nous tremblons du Passé, nous craignons l'Avenir
Nous n'osons avancer, la crainte de souffrir
Nous arrête en chemin. Et bientôt le courage
Ranime nos efforts. Quand a passé l'orage
Le soleil bienfaisant sur le toit des maisons
Jette encor la clarté de ses brûlants rayons
Puis une fois de plus je tombe et me relève
Vers un but idéal je vais guidant mon rêve
Je jouis des plaisirs que me donne Aujourd'hui
L'amour qui me donnait la veille de l'ennui
Et plein d'insouciance au caprice des heures
Je livre ma gaieté ma tristesse et mes leurres
Mais nous avons besoin de guider notre esquif
Le pilote à la barre est toujours attentif
A la clarté, le jour, et la nuit, aux étoiles
Il sait de quel côté doivent s'enfler les voiles
Nous sommes ce pilote et les voiles du Temps
Ne savent pas s'enfler seules au gré des vents
Je m'aperçois bientôt que mon esprit s'égare
Et que de mon bonheur la tristesse s'empare
Je ne veux plus souffrir et je veux espérer
Que l'Homme sur la Terre est venu pour aimer
J'aime et j'arrive heureux au terme du voyage
Je laisse à l'Avenir le soin d'une autre page
Que ma plume écrira dans l'ombre du Trépas
Quand la charge des ans trop pesante à mes bras
Me forcera d'aller avec plus de prudence
Sur la route des jours embrasser l'Espérance
Et contempler de loin l'image du Plaisir
Dont le coeur de vieillards garde le Souvenir.

Honoré HARMAND




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