La pluie
14 novembre 1943
Les nuages lourds, pleins de suie
Dans leur course frôlent les toits.
Abondante tombe la pluie
Et les fleurs penchent sous son poids.
Je n'ose sortir et m'ennuie
Tout seul en mon sombre logis.
Des larmes, qu'aussitôt j'essuie
S'échappent de mes yeux rougis.
Le soleil apparaît, timide ;
Mais il n'insistera pas.
Imprimés dans le sol humide
Sur la route on compte les pas.
Le deuil s'empare de mon être
Devant mes lilas effeuillés.
Il semble que le froid pénètre
A travers les carreaux brouillés.
Au fait, si l'espoir m'abandonne
La pluie, après tout, c'est de l'or :
Un acte de la pièce « Automne »
Dont elle a brossé le décor.
Honoré HARMAND