Maman
A ma fille Léone, à l'occasion de la naissance de son fils Alain,
Le 14 septembre 1946
Enfin tu vas savoir ce que c'est qu'un enfant.
Il sera dans ta vie à la première place.
Il n'est rien, ici bas, que cet être remplace
Ni l'honneur, ni l'argent ; lui seul est triomphant.
Tu pourras désormais, à la source profonde
Du bonheur qu'il créa, puiser de grands désirs.
Plus ne te griseras de factices plaisirs.
Dans son coeur innocent la joie est si féconde.
Tu sentiras en toi s'alléger les tourments
Quand, ton sein débordant de sève maternelle,
Donnera, chaque jour, une force nouvelle
A la vigne d'amour aux fragiles sarments.
Dans ses yeux tu liras la sublime tendresse
Lorsque, le contemplant, tu te reconnaîtras.
Dans les heures d'ennui tu te consoleras
Quand vous échangerez, ensemble, une caresse
Et, lorsqu'il parlera, quel instant plus troublant.
Tu chercheras, en vain, d'autres raisons de vivre.
Un mot résumera tout le récit du livre
Que l'on pourrait écrire et ce mot c'est « MAMAN ».
Honoré HARMAND