Après la fête
A mes enfants Léone et Raymond
20 mai 1948
Si je ne savais pas comprendre
Que tout est furtif ici-bas
Au spleen je me laisserais prendre :
Il parle et je ne l'entends pas.
Non ! Non ! Je ne veux pas connaître
Ce spectre intime de l'ennui,
Et je le juge comme un traître.
Je sais trop combien il m'a nui.
Elles furent délicieuses
Ces heures où l'amphitryon
Contemplait vos faces joyeuses
Comme au soir d'un grand réveillon.
Vous étiez heureux et moi-même
Sentais l'indicible bonheur
Que l'on goûte avec ceux qu'on aime.
La Joie habitait dans mon coeur.
J'écris et ma paupière humide
A mon insu retient un pleur ;
Je me garde d'être stupide
Car la Solitude est ma soeur.
Honoré HARMAND