Présent de noce
A Mme Corinne W*
Un soir, que nous veillions sous les marronniers verts;
Nos voix, dans le jardin, retentissaient joyeuses,
Et, noyant mes dix doigts dans vos boucles soyeuses,
Entre deux gros baisers, je vous promis des vers.
Depuis lors, j'ai vieilli; ma vie eut des revers;
Je me berçai souvent d'espérances railleuses;
Mais pour vous, la jeunesse et ses fleurs merveilleuses
Par des printemps vermeils ont marqué mes hivers.
Vierge au front rougissant, demain vous serez femme :
Je devrais vous écrire un long épithalame;
Mais, hélas! ce n'est plus de mode désormais.
Le sonnet, ce pigmée, a vaincu le colosse...
Daignez donc accepter celui-ci, car j'y mets
Tous mes voeux de bonheur et mon présent de noce.
(1884)