À ma petite-fille Emma
1 er janvier 1905.
Viens, mon bébé chéri! viens vite, je t'attends
Là, sur mon coeur qui bat; et pardonne si j'ose,
Réchauffant mon automne auprès de ton printemps,
Pencher mon front ridé sur ta frimousse rose.
S'ils veulent effleurer ta lèvre demi-close,
Ne repousse pas trop mes baisers tremblotants;
Et, tandis que ta tête entre mes bras repose,
Laisse un peu tes trois mois rire à mes soixante ans!
Des souhaits de bonheur c'est la fête, mignonne;
Partout l'ivresse chante et la gaîté rayonne;
À la ronde on s'embrasse en un joyeux élan;
Et, tout vieux que je suis, je sens à ma prunelle
Perler un pleur d'amour, quand ma main paternelle
Se lève pour bénir ton premier jour de l'An!