À Rosita
Aux frais bourdonnements des abeilles dorées,
Aux chants du rossignol se prolongeant sur l'eau,
Aux confuses rumeurs des limpides soirées,
Aux duos amoureux de l'onde et du roseau,
À l'orchestre enivrant des brises éplorées
Qui bercent des forêts l'harmonieux réseau,
N'as-tu pas dérobé ces notes inspirées
Qui vibrent, Rosita, dans ton gosier d'oiseau?
Mais non, ô douce artiste! ô belle charmeresse!
Des sons les plus divins la troupe enchanteresse
N'a jamais en nos coeurs créé plus doux émois;
Car, vois-tu, quand la foule à ton chant suspendue,
Frémit d'enthousiasme et t'acclame, éperdue,
C'est un esprit d'en haut qui parle par ta voix!
(1880)