La charité
j'ai connu la pitié sur la terre,
Je puis la demander aux cieux.
Ed. Turquett.
Riches, quand des plaisirs la bruyante cohorte
En essaims bourdonnants s'arrête à votre porte
Et rieuse s'élance en vos salons joyeux;
Quand, dans vos bals dorés, la valse tournoyante
Déroule en frais anneaux sa spirale ondoyante
Sur vos tapis soyeux;
Quant tout est volupté, ravissement et joie;
Quand on voit miroiter chaque robe de soie
Aux tremblantes lueurs des candélabres d'or;
Quand tout jette l'ivresse à votre âme ravie,
Et que, dans votre coeur, des peines de la vie
Le souvenir s'endort;
Quand, chaudement drapés dans vos riches fourrures
Vous courez étaler vos brillantes parures
Traînés par vos coursiers mordant des freins d'argent;
Quand près de vous s'incline une foule empressée,...
Oh! n'avez-vous jamais une seule pensée
Pour le pauvre indigent?
Déshérité de tout, forçat de la souffrance,
Il n'a, pour prolonger sa pénible existence,
Que quelques vieux haillons, qu'un morceau de pain noir;
Il est là grelottant dans sa froide mansarde...
Paria du bonheur, l'avenir ne lui garde
Qu'un morne désespoir!
Oh! ne l'oubliez pas dans vos fêtes splendides!
Pour lui le soleil n'a que des rayons livides;
Sa vie, à lui, n'est plus qu'une longue douleur...
Oh! ne l'oubliez pas! rien qu'une simple obole
Peut rendre au malheureux qu'elle sauve et console
La vie et le bonheur!
Donnez à l'orphelin, à l'infirme, à la veuve,
À tous ces pauvres coeurs que la souffrance abreuve;
Donnez, donnez! la main de Dieu vous le rendra:
C'est lui qui l'a promis. Et vous surtout, madame,
Qui connaissez si bien les doux penchants de l'âme,
Oh! faites des heureux, et l'on vous bénira!