Quoi qu’il en soit des détails, Dupil dut quitter la Beauce.
Le coeur débordant d’amertume et de ressentiment, il était venu s’établir
à Québec, et, avec les débris de son avoir, s’était monté un petit magasin
dans le faubourg Saint-Jean.
Trois mois après, un incendie rasait la maison, et, comme à cette époque
on ne parlait guère d’assurances à Québec, Dupil était jeté sur le pavé,
presque nu et sans un sou vaillant.
Alors sa pauvre cervelle, n’en pouvant supporter davantage, se détraqua
complètement.
Il avait maudit le prêtre: il fit plus.
Il montra le poing au ciel, et se repliant sur lui-même dans un désespoir
sourd, il accepta une existence de proscrit, de lépreux, jurant à Dieu une
haine qu’il devait emporter au tombeau, après plus de soixante années de
misère et d’isolement sauvage.