L'an 1834
Encore un an de passé sur le monde;
La liberté fit crouler un tyran.
Si je vois bien dans la sphère profonde,
L'astre des rois s'éclipse à son couchant.
Peuples, pour nous, c'est un heureux présage,
Quand le loup dort les bergers sont en paix.
Chantons ! le jour de l'esclavage
Va disparaître pour jamais.
La liberté, fuyant de ses domaines,
Errait en pleurs dans l'ombre des forêts;
Elle entendait au loin le bruit des chaînes,
Et la torture armer ses chevalets.
Mais de ces temps de pleurs et de misères,
Le règne, enfin, pour le peuple est passé.
Chantons! au bruit confus des verres,
Car notre règne est commencé.
Les rois voulaient à la jeune Amérique
Faire aussi don et du sceptre et des fers;
Mais le lion, broyant leur rouille antique,
De leurs débris parsemait les déserts.
Ces hochets d'or sont bons pour des esclaves,
Se disait-il dans sa juste fureur
Chantons! et que la voix des braves
Répète ce refrain en choeur.
Ô Canada! ton ciel est plein d'orages!
Mais ne crains point l'approche des tyrans;
L'aquilon seul dans son char de nuages
Renverserait leurs pavois chancelants.
Seul l'homme libre admire nos tempêtes,
Et sait braver en tout temps leur courroux.
Chantons! car jamais dans nos fêtes
L'alguasil n'entrera chez nous.