VI
Mais silence... un bruit sourd gronde dans le lointain...
Oui, c'est le flot qui mugit sur la rive...
Ô barde, tu frémis; pourquoi tremble ta main
Sur la corde plaintive?
Quel phantôme, dit-il, vient de paraître au nord?
Un nuage enflammé reflette au loin sa lance,
Et l'ourse en rugissant voit ses étoiles d'or
Verser des flots de sang sur l'impyrée immense.
Aux armes, Polonais! sur les hortes du Czar;
Mais leur nombre est égal aux feuilles des montagnes.
Braves lanciers, déployez l'étendard,
Ma lyre vous suivra pour chanter vos campagnes!
Ostrolenka!... dit le Baskir,
Soudain s'avança le barbare.
Guerrets, son sang sut vous nourrir.
Le ciel en fut-il moins avare?
Pour nous ce jour fut glorieux;
Mais que nous conta sa victoire!
L'élite de fils courageux,
Pologne, a trop payé ta gloire.
Comme les vagues de la mer
Se précipitent sur la rive,
L'ennemi brandissant son fer
Inonde l'arène plaintive.
Oui, seul le nombre t'accabla,
Sarmate, fils de la vaillance,
En vain, ton courage ébranla
Le Moscovite et sa puissance.