A MONSEIGNEUR LE X
Aymable conquerant, adorable vainqueur,
Dont les rares vertus, les graces, et les charmes
Te rendent desormais maistre du jeune coeur,
Qui fournit à l'amour ses plus fatales armes.
Auguste et rare object d'un astre fortuné,
Qu'aujourd'huy de sa main l'amour a couronné
Dans un champ de plaisirs, de beautez, et de gloire,
Maintenant que tout rit à tes iustes souhaits:
Dis moy, genereurs duc, est il quelque victoire
Qui se puisse esgaler au butin que tu fais.
Depuis que le soleil te fist present du jour,
Quels si dignes lauriers que la gloire t'appreste,
S'oseroient comparer aux mirthes que l'amour
A cueillis en l'honneur de ta belle conqueste?
Quel bras aduantureux du renommé Iason
Combattant en Colchos pour la riche toison,
Remporta chez les siens une plus douce proye,
Et quel beau rauisseur, berger, ou fils de roy,
Contentant ses desirs aux despens de sa Troye
Dans l'empire amoureux fut plus heureux que toy.