LA GAUDRIOLE
Momus a pris pour adjoints
Des rimeurs d'école:
Des chansons en quatre points
Le froid nous désole.
Mirliton s'en est allé.
Ah! La muse de Collé,
C'est la gaudriole,
Ô gué,
C'est la gaudriole.
Moi, des sujets polissons
Le ton m'affriole.
Minerve dans mes chansons
Fait la cabriole.
De ma grand'mère, après tout,
Tartufes, je tiens le goût
De la gaudriole,
Ô gué,
De la gaudriole.
Elle amusait à dix ans
Son maître d'école.
Des cordeliers gros plaisants
Elle fut l'idole.
Au prêtre qui l'exhortait,
En mourant elle contait
Une gaudriole,
Ô gué,
Une gaudriole.
C'était la régence alors;
Et, sans hyperbole,
Grace aux plus drôles de corps,
La France était folle.
Tous les hommes plaisantaient,
Et les femmes se prêtaient
À la gaudriole,
Ô gué,
À la gaudriole.
On ne rit guère aujourd'hui.
Est-on moins frivole?
Trop de gloire nous a nui;
Le plaisir s'envole.
Mais au français attristé
Qui peut rendre la gaîté?
C'est la gaudriole,
Ô gué,
C'est la gaudriole.
Prudes, qui ne criez plus
Lorsqu'on vous viole,
Pourquoi prendre un air confus
À chaque parole?
Passez les mots aux rieurs:
Les plus gros sont les meilleurs
Pour la gaudriole,
Ô gué,
Pour la gaudriole.