PLUS DE POLITIQUE
Mois de juillet 1815.
Ma mie, ô vous que j'adore,
Mais qui vous plaignez toujours
Que mon pays ait encore
Trop de part à mes amours!
Si la politique ennuie,
Même en frondant les abus,
Rassurez-vous, ma mie;
Je n'en parlerai plus.
Près de vous, j'en ai mémoire,
Donnant prise à mes rivaux,
Des arts, enfants de la gloire,
Je racontais les travaux.
À notre France agrandie
Ils prodiguaient leurs tributs.
Je n'en parlerai plus.
Moi, peureux dont on se raille,
Après d'amoureux combats,
J'osais vous parler bataille
Et chanter nos fiers soldats.
Par eux la terre asservie
Voyait tous ses rois vaincus.
Je n'en parlerai plus.
Sans me lasser de vos chaînes,
J'invoquais la liberté;
Du nom de Rome et d'Athènes
J'effrayais votre gaîté.
Quoiqu'au fond je me défie
De nos modernes Titus,
Je n'en parlerai plus.
La France, que rien n'égale,
Et dont le monde est jaloux,
Était la seule rivale
Qui fût à craindre pour vous.
Mais, las! J'ai pour ma patrie
Fait trop de voeux superflus.
Je n'en parlerai plus.
Oui, ma mie, il faut vous croire;
Faisons-nous d'obscurs loisirs.
Sans plus songer à la gloire,
Dormons au sein des plaisirs.
Sous une ligue ennemie
Les français sont abattus.
Je n'en parlerai plus.