LE VIEUX DRAPEAU 1820.
Cette chanson n'exprime que le voeu d'un soldat
Qui desire voir la charte constitutionnellement
Placée sous la sauvegarde du drapeau de Fleurus,
De Marengo et d'Austerlitz. Le même voeu a été
Exprimé à la tribune par plusieurs députés, et entre
Autres par m le général Foy, dans une improvisation
Aussi noble qu'énergique.
De mes vieux compagnons de gloire
Je viens de me voir entouré;
Nos souvenirs m'ont enivré,
Le vin m'a rendu la mémoire.
Fier de mes exploits et des leurs,
J'ai mon drapeau dans ma chaumière.
Quand secoûrai-je la poussière
Qui ternit ses nobles couleurs?
Il est caché sous l'humble paille
Où je dors pauvre et mutilé,
Lui qui, sûr de vaincre, a volé
Vingt ans de bataille en bataille!
Chargé de lauriers et de fleurs,
Il brilla sur l'Europe entière.
Quand secoûrai-je la poussière
Ce drapeau payait à la France
Tout le sang qu'il nous a coûté.
Sur le sein de la liberté
Nos fils jouaient avec sa lance.
Qu'il prouve encore aux oppresseurs
Combien la gloire est roturière.
Quand secoûrai-je la poussière
Son aigle est resté dans la poudre,
Fatigué de lointains exploits.
Rendons-lui le coq des gaulois;
Il sut aussi lancer la foudre.
La France, oubliant ses douleurs,
Le rebénira, libre et fière.
Quand secoûrai-je la poussière
Las d'errer avec la victoire,des lois il deviendra l'appui.
Chaque soldat fut, grace à lui,
Citoyen aux bords de la Loire.
Seul il peut voiler nos malheurs;
Déployons-le sur la frontière.
Quand secoûrai-je la poussière
Mais il est là près de mes armes;
Un instant osons l'entrevoir.
Viens, mon drapeau! Viens, mon espoir!
C'est à toi d'essuyer mes larmes.
D'un guerrier qui verse des pleurs
Le ciel entendra la prière:
Oui, je secoûrai la poussière
Qui ternit tes nobles couleurs.