PLUME DE POÉSIES
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 Berthe De Buxy. (1863-1921) IV

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Berthe De Buxy. (1863-1921) IV Empty
MessageSujet: Berthe De Buxy. (1863-1921) IV   Berthe De Buxy. (1863-1921) IV Icon_minitimeLun 30 Avr 2012 - 16:09

IV

Pendant les semaines suivantes, le bruit des exploits de la tribu
se répandit dans toute la contrée que les Droy sillonnaient à
pied, à bicyclette, en voiture, ou même en ballon, deux des
garçons ayant essayé ce dernier genre de sport dans un appareil
de leur invention, qui aurait été très ingénieux s'il n'avait
crevé sur la tête d'une notabilité locale.

Ils se répandaient dans le pays, prétendaient les gens
atrabilaires, comme une horde de sauterelles.

Mais ces sauterelles, à part quelques insignifiantes
déprédations, ne mettaient jusqu'ici que leur propre existence en
danger, et semaient des bienfaits sur leur tumultueux passage.

Leurs générosités prenaient bien parfois des formes excentriques,
quand, par exemple, ils desséchaient eux-mêmes la mare qui
donnait les fièvres aux enfants d'Adine, ou qu'ils rebâtissaient
de leurs mains la maison de la vieille Catherine, et rendaient la
vieille à moitié folle à son retour de l'hôpital dans sa bicoque
transformée.

Par exemple, il était avéré qu'ils avaient enfermé le chat de
dame Hermance dans une courge monstrueuse, orgueil de son jardin,
qu'ils n'avaient pas craint de creuser jusqu'à l'écorce; quand
dame Hermance appela son chat, le chat ne bougea point, mais la
courge vint à sa maîtresse, toute roulante et titubante, ce qui
lui donnait l'apparence ridicule et terrifiante d'une courge
ivre. Le patriarche paya la courge qui avait une grande valeur,
il paya les terreurs de Mme Hermance et celle du chat qui
n'étaient pas médiocres, les dégâts du jardin qui valait une
fortune, et le scandale qui était incalculable. Les parents
admonestèrent les coupables et apprirent, incidemment, qu'il
avait été question d'enfermer dans la courge les babies qui,
témoins de l'aventure, avaient envié le sort du chat et voulu
s'associer à cette manifestation en faveur de Zoé contre Mme
Hermance.

Les chroniques plus ou moins fantaisistes qui parvenaient aux
oreilles d'Auberte, ne détournaient point la jeune fille des
pensées que Gillette avait éveillées dans son esprit, et que sa
conversation avec Mme de Menaudru n'avait fait qu'assoupir. Quoi
qu'Aube voulût tenter, elle aurait à le faire seule, l'adjuration
de sa mère lui avait été une réponse péremptoire. Aussi aurait-elle
voulu en reparler à Gillette.

Oui, elle aurait voulu revoir Gillette, l'entendre, s'il le
fallait, accuser et railler la jeune princesse aussi surannée que
son antique palais; mais la revoir, respirer cette atmosphère qui
semblait l'entourer et qui causait à Aube une sorte de naissant
vertige.

Le matin, M. et Mme de Menaudru étaient partis pour Vichy, où le
Comte devait faire une saison. Laurent les avait accompagnés et
il les installerait là-bas avant de revenir près d'Auberte dont,
pendant un mois, il aurait seul la garde. Jeanne s'était
réveillée avec un accès de rhumatisme qui la clouait dans sa
chambre, Aube était donc encore un peu plus libre que de coutume.

Elle se sentait magnétiquement entraînée vers la Maison. Naguère,
il lui suffisait de regarder le jardin depuis le vieux mur, près
du sapin à la voix murmurante; à présent, elle avait besoin de
voir la Maison elle-même, et ses habitants si faire se pouvait;
et elle pensa à monter au moulin.

Ce moulin qui ne justifiait guère son nom puisque, de mémoire
d'homme, on n'y avait jamais rien moulu, était une grosse tour
carrée, encore solide, qui touchait presque à la Maison. On y
entrait par une cour de Menaudru; mais la façade qui donnait chez
les Droy avait une porte depuis longtemps condamnée, car le
moulin appartenait au château sans partage.

Aube pénétra dans la lourde construction qui ne servait plus que
d'abri aux outils de jardinage. Elle gravit l'escalier en échelle
qui conduisait à l'étage supérieur. Elle haletait, il lui
semblait faire quelque chose de pas très bien, d'un peu honteux
même, qui tenait du métier d'espion; mais elle ne pouvait pas
vaincre un irrésistible attrait.

Ce premier étage n'était qu'un grenier vide et ténébreux; le pas
d'Auberte laissait sur le plancher comme un sillon dans la
poussière; Auberte poussa à tâtons le verrou d'une porte et
ouvrit. Elle reçut en plein visage un flot d'air et de grand
jour. Elle s'avança avec précaution après avoir refermé. Le poste
d'observation qu'elle avait choisi était périlleux; c'était, en
réalité, une sorte de logette très étroite, semi-circulaire, qui
avait dû contenir autrefois quelque statue de saint, et que
l'enchevêtrement d'une grande bignone fleurie séparait seule du
vide en formant, de chaque côté de la niche, une draperie
retombante. Mais quelle place aurait été mieux appropriée au
dessein d'Auberte? Le moulin faisait angle avec la Maison sur le
jardin; comme il était peu élevé, Aube se trouvait au-dessus du
rez-de-chaussée: elle voyait, elle eût touché presque, sur
l'espace dallé qui précédait la maison, une table rustique, des
sièges d'osier, des pliants brodés de couleurs vives groupés
comme pour une amicale causerie, parmi les grands fuchsias, les
géraniums récemment placés et déjà vigoureux, et les vieux
rosiers rouges aussi récemment élagués, treillissés librement et
à l'aventure contre leurs supports branlants.

Sur la table, il y avait une vaste corbeille à ouvrage pleine de
menus objets de lingerie en voie de raccommodage ou d'exécution,
des livres ouverts, un album à dessin, et, tout autour, les
jouets des babies, les raquettes et le volant de Camille. Elle
dominait aussi un salon gai et clair avec ses larges meubles
commodes, recouverts de toile à fleurs, une chambre d'amis toute
simple, toute fraîche, aux rideaux de cretonne bise semée de
corail, une très grande bibliothèque qui devait être le lieu de
réunion par excellence; Aube y remarqua une quantité de tables,
un piano à queue et des fleurs à foison jusque dans l'âtre de la
cheminée où des grappes de cytise tardif s'écroulaient en
cascade. Tout cela avait un aspect d'intimité active, gracieuse,
qui alla au coeur d'Auberte.

Cette partie de la Maison semblait déserte, presque abandonnée.
Tout le monde était probablement allé à la gare reconduire le
fils aîné qui repartait ce matin; en tout cas, il n'y avait
personne dans les pièces, personne dans le jardin qui déployait,
à quelques pas de là, ses premiers ombrages. Auberte entendit
bien un bruit, comme un craquement, mais c'était dans le moulin
même qu'il s'était produit, provoqué sans doute par le passage de
quelque rat effronté sur une planche vermoulue.

Décidément, Mme Droy et ses aides avaient fait miracle: au bout
de cette courte période, l'installation de la famille était aussi
complète que celle des plantes dont on avait garni le jardin. En
relevant les yeux, Aube voyait encore, par les fenêtres grandes
ouvertes, plusieurs pièces du premier étage, entre autres une
salle d'étude où cahiers et livres s'amoncelaient sur différents
pupitres en un studieux et pittoresque désordre; les murs,
blanchis à la chaux, étaient tapissés de cartes géographiques, de
tableaux noirs qu'enjolivaient des signes algébriques de
cabalistique apparence, et des calculs compliqués dont les
chiffres parurent à l'oeil méticuleux d'Aube fort biscornus. Et
dans ce sanctuaire de la science qui devait être l'antre des
garçons, traînait un chapeau de jardin pareil à celui de
Gillette, mais qui semblait plutôt le frère cadet du sien.

Et il y avait encore une chambre riante, si gaiement arrangée
qu'elle portait pour Aube le nom de Gillette tracé en gros
caractères sur ses murs. Près du lit laqué blanc de Gillette,
tout près, dans une promiscuité frileuse et tendre, se
blottissait un petit lit de cuivre qui appartenait certainement à
Camille; et l'étagère à livres, et le petit bureau, et le réveil-matin,
et le prie-Dieu... Oh! c'était mal, c'était très mal de la
part d'Aube, elle n'aurait pas dû regarder. Mais comment
s'empêcher de voir un chat, un gros chat évidemment en fraude,
caché sous l'édredon de soie claire qui couvrait le lit de
Gillette? Il allongeait sa grosse tête à demi impudente, à demi
inquiète, les oreilles tendues, avec un air de friponne
ingénuité, si voluptueusement heureux dans son bonheur défendu,
qu'Aube croyait entendre un ronron bruyant, irrépressible. Un
fichu de linon blanc, artistement jeté sur l'édredon, semblait
indiquer une complicité entre Gillette ou Cam et les méfaits de
leur favori; Aube eut envie de rire, mais les deux lits voisins
lui avaient donné bien plus envie de pleurer.

Mais si, il y avait quelqu'un dans la maison. Une persienne fut
poussée, et, dans l'obscurité relative d'une autre pièce, Aube
entrevit vaguement les rayons chargés de livres, les tentures
foncées et sobres, les quelques bronzes d'un cabinet de travail
masculin; une ombre svelte, aux lignes plus classiques que n'en
avait la silhouette encore adolescente de Gillette, allait et
venait, tournant le dos à Aube; ses mouvements faisaient deviner
qu'elle époussetait et rangeait: elle avait même une bien
aristocratique manière de se livrer à cette humble occupation.

Aube jugea que ce devait être Stéphanie d'Aumay, l'institutrice;
mais elle interrompit ses suppositions, la belle ménagère s'assit
sur le premier siège venu et sa robe forma naturellement des plis
nobles autour d'elle; elle pencha la tête sur sa main, puis d'un
doigt, machinalement, elle effaça quelque chose sur sa joue, et
Auberte comprit que l'inconnue pleurait.

Auberte se retira avec une sorte de douleur; elle se trouvait
lâche d'avoir cédé à sa tentation, sa conscience sensitive se
révolta, la pauvre hermine crut voir une tache sur les splendeurs
angéliques de sa robe. Elle ferma les yeux pour ne plus
surprendre, même l'espace d'une seconde, le moindre détail de
l'intimité qu'elle violait.

Les yeux toujours fermés pour ne plus voir les jolies chambres,
les livres ouverts, les lits voisins, le chat, la jeune fille qui
pleurait, et les voyant en elle-même plus que jamais, elle se
retourna, mais elle ne put rouvrir la porte; elle constata tout
de suite qu'une main malveillante avait repoussé le verrou. Aube
était prisonnière dans sa logette aérienne que les hirondelles
frôlaient en passant.

La famille Droy revint en corps de la gare où elle avait
reconduit Hugues.

Les promeneurs rentrèrent en retard pour le déjeuner.

Camille, assise à sa place, attendait patiemment, -au grand
étonnement de Mlle Stéphanie, sa compagne de réclusion -qu'il
plût aux autres de se mettre à table. Comme Mlle Cam avait été
retenue au logis en punition d'un méfait, l'on considéra son
attitude exemplaire comme une preuve irréfutable de conversion.
Il n'y eut qu'Antoine, son voisin de table, sur les pieds duquel
elle trépigna secrètement avec des transports d'allégresse, qui
put entretenir des doutes à cet égard. Antoine supporta
stoïquement la meurtrissure de ses orteils en espérant que Cam,
qui était une fiche mouche bien que douée d'un aiguillon un peu
acéré, avait fait quelque bon coup dont il tirerait avantage.

Le départ d'Hugues après une si brève visite répandait un
accablement général, le repas fut moins animé que d'habitude,
l'apparition d'un gâteau de praline réveilla à peine ces esprits
désabusés. Comme la chaleur était trop forte pour qu'on pût
circuler, M. Droy proposa de passer sous les rosiers, devant le
salon, l'heure de récréation qui suivait le repas. Mais Cam
intervint en déclarant que le salon était la pièce la plus chaude
de la maison, que les rosiers rouges portaient de petites braises
en guise de fleurs, et qu'on ne jouirait d'un peu de fraîcheur
que de l'autre côté de la maison, dans la grande cour.

Ils étaient tous trop abattus pour combattre cette opinion
hasardée, et ils se rendirent dans la grande cour où ils avaient
fait de si belles parties de raquettes pendant qu'Hugues et
Stéphanie les favorisaient de leurs concerts.

Chacun s'assit à sa fantaisie sous l'ombre des catalpas.

Mlle Stéphanie était extrêmement calme, l'oeil le plus exercé
n'aurait pu soupçonner cette personne correcte d'avoir épousseté
ou d'avoir pleuré. Gillette se livrait à un bon petit entretien
confidentiel avec Mme Droy au sujet des tabliers neufs des
babies, thème sur lequel sa double qualité de fille aînée et de
bras droit de sa mère lui donnait une compétence étendue. Elle
traitait de telles questions avec une conscience à la fois
appliquée et cavalière. Evidemment, Gillette, n'ayant point une
âme de petite bourgeoise ni un esprit façonné aux vulgaires et
infimes tracas, faisait de son mieux pour s'y rompre et
réunissait à la plus grande satisfaction de sa mère.

M. Droy, renversé sur son fauteuil pliant, fumait d'un air
pacifique au milieu de son troupeau. De loin en loin, il étendait
la main vers un enfant et tirait au hasard d'un air de
délectation pensive quelque mèche safran, duveteuse, qui semblait
accoutumée à cet exercice. Enfin, toute cette famille de forbans
avait mine très bénévole. C'est à peine si deux ou trois garçons,
à cheval sur des branches qu'ils taillaient à coups de couteau,
envoyaient des éclats de bois et des brins de mousse sur la tête
ou dans les yeux de l'assistance.

-Je n'ai pas entendu, ce matin, notre petite princesse passer
sur sa mule, remarqua Mme Droy tout en recoiffant l'une des
babies, laquelle recoiffait sa poupée avec des mouvements
exactement pareils à ceux de sa mère.

-Elle n'est pas sortie, déclara Cam.

-Qu'en savez-vous? demanda Marc qui s'était allongé par terre,
position qu'il jugeait indispensable pour reprendre des forces
avant une nouvelle séance de mathématiques.

-Je le sais parce que je le sais, riposta Cam.

Elle se disposait à s'éloigner.

-Où vas-tu? cria Antoine en la saisissant aux poignets: il
s'était déjà opposé vigoureusement à deux évasions de Cam, il
accusait secrètement sa jeune soeur de vouloir le frustrer d'une
fructueuse découverte. Cam retomba à terre; elle s'occupa
rageusement à arracher de l'herbe jusqu'à l'instant où Gillette,
qui en avait fini avec Mme Droy, demanda à Stéphanie si elle ne
pourrait pas prendre des branches de bignone pour sujet de sa
prochaine aquarelle.

-Oui, l'idée est bonne, dit Stéphanie.

-Et tu trouveras de la bignone contre le mur de la tour, fit
Edmée. Du reste, je vais...

-Non, moi, j'y vais! s'écria avec une complaisance ardente
Camille.

-Nous y allons tous, intercala M. Droy pendant qu'Antoine
maintenait Camille pourpre de colère. Il est l'heure de remonter
pour les garçons, nous passerons par là. Vous avez pris votre
congé du jeudi ce matin, et demain est le jour de votre
professeur.

Comme les intonations rapides et décidées de M. Droy avaient le
pouvoir infaillible d'obtenir autour de lui l'obéissance, tous
les enfants étaient déjà sur pied et chacun se disposait à
tourner la maison. Gillette qui, tout en marchant, avait passé
son bras autour des épaules de Camille, fut frappée par la
contenance égarée de la petite fille. Cam s'efforçait de passer
la première comme pour empêcher quelque chose.

-De la bignone, dites-vous? demanda, quand ils furent devant
le salon, Mme Droy tout en se dirigeant vers sa table à ouvrage
et son installation en plein air: Voilà de quoi choisir. Il
faudrait peut-être une échelle, ajouta-t-elle en regardant le
moulin. Mais...

Elle s'interrompit, pétrifiée.

-Chut, dit M. Droy, d'un air diverti. Il y a une petite sainte
dans la niche.

Ils levèrent tous la tête du même côté et demeurèrent stupéfaits.

Il y avait vraiment une petite sainte dans la niche enguirlandée
de bignone. Elle était vêtue de serge blanche; sa grande capeline
de surah blanc, rejetée en arrière, nimbait sa tête brune comme
d'une immense corolle de fleurs, et les fleurs lourdes,
éclatantes, de la bignone mettaient une note de splendeur presque
exotique au cadre de sa jeune beauté immatérielle.

Dans l'ombre de la niche, se dessinaient, avec des douceurs
d'irréel, son profil pur, sa bouche sérieuse, ses très longs cils
abaissés sur sa joue... M. Droy avait dit chut, parce que la
petite princesse dormait.

Elle s'était endormie de fatigue dans son attente déçue. Le corps
un peu ployé en avant, elle s'était attachée des deux mains à une
branche et reposait sa joue sur l'un de ses bras ainsi élevés. Sa
grosse natte de cheveux retombait jusqu'au bord de la niche où le
ruban de soie crème qui la nouait frémissait comme un
invraisemblable papillon. Son poignet, de la même nuance pâlement
dorée que son visage, s'avançait à découvert dans la fragilité de
sa maigreur, si touchant que les spectatrices réprimèrent un
petit sanglot de pitié.

Elle dormait, inconsciente de son attitude périlleuse. L'approche
des Droy ne l'avait point éveillée. Et ils la regardaient,
paralysés par la même crainte, n'osant ni faire un geste, ni
proférer un mot de peur de rompre ce sommeil, de provoquer
l'éveil trop brusque qui pourrait jeter Aube dans le vide. Ils
n'osaient même pas la quitter des yeux, ils la regardaient avec
une persistance désespérée et suppliante, comme s'ils avaient
l'espoir de la magnétiser, de la retenir à sa place.

Une tentative s'imposait: pénétrer dans le moulin par la porte
qui ouvrait chez eux, monter d'un pas assez subtil pour ne pas
éveiller Aube en sursaut... Mais comment ouvrir cette porte
depuis si longtemps condamnée, puisqu'on n'avait pas le loisir de
faire le tour par le château? Au moment où M. Droy se dirigeait
silencieusement vers le moulin, un large souffle venu de la
montagne plia mollement les peupliers et les sapins et,
s'étendant comme une vague, enveloppa la bignone. Le corps d'Aube
suivit le balancement des branches, mais ce mouvement l'éveilla,
elle ouvrit ses yeux qui se dilatèrent en une expression de
détresse encore somnolente.

Elle était déjà trop projetée en avant pour pouvoir se retenir.
Elle n'essaya même pas; sa tête se pencha, ses mains glissèrent
le long de son appui qui s'effeuilla sous ses doigts et, sans un
cri, elle tomba droit comme un oiseau tué. Elle tomba à leurs
pieds, parmi les branches qu'avait brisées sa chute et dont les
pétales voltigèrent encore une seconde autour d'elle.








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