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 Paul Claudel. (1868-1955) Octobre.

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Paul Claudel. (1868-1955) Octobre. Empty
MessageSujet: Paul Claudel. (1868-1955) Octobre.   Paul Claudel. (1868-1955) Octobre. Icon_minitimeLun 18 Juin - 21:35

Octobre.

C’est en vain que je vois les arbres toujours verts.

Qu’une funèbre brume l’ensevelisse, ou que la longue sérénité du ciel l’efface,
l’an n’est pas d’un jour moins près du fatal solstice. Ni ce soleil ne me
déçoit, ni l’opulence au loin de la contrée; voici je ne sais quoi de trop
calme, un repos tel que le réveil est exclu. Le grillon à peine a commencé son
cri qu’il s’arrête; de peur d’excéder parmi la plénitude qui est seul manque du
droit de parler, et l’on dirait que seulement dans la solennelle sécurité de ces
campagnes d’or il soit licite de pénétrer d’un pied nu. Non, ceci qui est
derrière moi sur l’immense moisson ne jette plus la même lumière, et selon que
le chemin m’emmène par la paille, soit qu’ici je tourne le coin d’une mare, soit
que je découvre un village, m’éloignant du soleil, je tourne mon visage vers
cette lune large et pâle qu’on voit pendant le jour.

Ce fut au moment de sortir des graves oliviers, où je vis s’ouvrir devant moi la
plaine radieuse jusqu’aux barrières de la montagne, que le mot d’introduction me
fut communiqué. O derniers fruits d’une saison condamnée! dans cet achèvement du
jour, maturité suprême de l’année irrévocable. C’en est fait.

Les mains impatientes de l’hiver ne viendront point dépouiller la terre avec
barbarie. Point de vents qui arrachent, point de coupantes gelées, point d’eaux
qui noient. Mais plus tendrement qu’en mai, ou lorsque l’insatiable juin adhère
à la source de la vie dans la possession de la douzième heure, le Ciel sourit à
la Terre avec un ineffable amour. Voici, comme un coeur qui cède à un conseil
continuel, le consentement; le grain se sépare de l’épi, le fruit quitte
l’arbre, la Terre fait petit à petit délaissement à l’invincible solliciteur de
tout, la mort desserre une main trop pleine! Cette parole qu’elle entend
maintenant est plus sainte que celle du jour de ses noces, plus profonde, plus
tendre, plus riche: C’en est fait! L’oiseau dort, l’arbre s’endort dans l’ombre
qui l’atteint, le soleil au niveau du sol le couvre d’un rayon égal, le jour est
fini, l’année est consommée. A la céleste interrogation, cette réponse
amoureusement C’en est fait est répondue.
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Paul Claudel. (1868-1955) Octobre.
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