Peinture.
Que l’on me fixe par les quatre coins cette pièce de soie, et je n’y mettrai
point de ciel; la mer et ses rivages, ni la forêt, ni les monts, n’y tenteront
mon art. Mais du haut en bas et d’un bord jusqu’à l’autre, comme entre de
nouveaux horizons, d’une main rustique j’y peindrai la terre. Les limites des
communes, les divisions des champs y seront exactement dessinées, ceux qui sont
déjà en labour, ceux où demeure debout le bataillon des gerbes encore. Aucun
arbre ne manquera au compte, la plus petite maison y sera représentée avec une
naïve industrie. Regardant bien, on distinguera les gens, celui-ci qui, un
parasol à la main, franchit un ponceau de pierre, celle-là qui lave ses baquets
à la mare, cette petite chaise qui chemine sur les épaules de ses deux porteurs
et ce patient laboureur qui le long du sillon, conduit un autre sillon. Un long
chemin bordé d’une double rangée de pinasses traverse d’un coin à l’autre le
tableau, et dans l’une de ces douves circulaires on voit, avec un morceau d’azur
au lieu d’eau, les trois quarts d’une lune à peine jaune.