AMOURS DE CLORIS
Sonnet 1.
Depuis que vos beaux yeux, et vostre belle tresse,
D' un doux et noble effort, m' ont atteint, et m' ont pris ;
Je vous ay consacré mon coeur, et mes escrits,
Et tout ce qu' un amant consacre à sa maistresse.
Pour vous j' épuisay Rome, et dépoüillay la Gréce
De tous les grands thresors qu' aiment les grands esprits ;
Et comme des beautez vos beautez ont le prix,
J' ay le zele d' un dieu qui sert une déesse.
Si mon coeur agité de mouvemens divers,
A delaissé la prose, et fait dire à mes vers
De vos divins appas la force inévitable ;
C' est afin qu' employant le langage des dieux,
Les siecles advenir tiennent pour veritable
Tout ce que j' ay chanté du pouvoir de vos yeux.