Sur les amours d' Isis.
Sonnet.
Que je t' estime heureux d' aimer cette inhumaine
Qui resiste à ta flâme et choque ton desir !
Ta constance te fait esprouver du plaisir,
Autant que sa beauté te fait souffrir de peine.
Sans elle les beaux vers qui coulent de ta veine
N' auroient jamais esté les fruits de ton loisir ;
La fureur d' Apollon ne t' auroit peu saisir,
Et ton nom parmy nous seroit une ombre vaine.
Ne t' afflige donc plus de ses traits de mespris ;
Puis qu' ils t' ont fait tracer tant de rares escrits,
Benis en le sujet, cheris en la memoire.
Isis secondera tes ardantes ferveurs ;
Si ses cruels desdains te causent tant de gloire,
Que n' esperes-tu point de ses douces faveurs ?