Les beaux yeux de Cloris.
Sonnet 18.
Que vos yeux ont d' éclat ! Que leurs charmes sont doux !
Que leurs traits sont puissans ! Que leurs flâmes sont belles !
Quoy que tous les mortels pensent des immortelles,
Elles n' ont jamais eu des yeux si beaux que vous.
Aussi de leurs attraits les dieux sont si jaloux,
Et prisent tant l' ardeur de leurs flâmes jumelles,
Qu' ils dédaignent le ciel, et pour n' adorer qu' elles,
S' en viennent sur la terre habiter avec nous.
Ce dieu dont je ressens la fatale puissance,
Que les fables ont fait aveugle de naissance,
Qui brusle tous les coeurs des feux de son flambeau ;
S' il desiroit des yeux, il fuiroit tous les autres ;
Et ne voudroit jamais pour paroistre plus beau,
Se servir que des vostres.