Sur une infidelité.
Sonnet 12.
Sous la rigueur des loix du trompeur hymenée
Tu vas donc te ranger au mespris de ta foy !
Perfide, la raison ne loge plus chez toy,
Ces nouvelles ardeurs te rendent forcenée.
Change, belle Cloris, ton humeur obstinée
En faveur de l' amour qui nous mit sous sa loy ;
Ou si tu n' oses pas avoir pitié de moy,
Fay moy cesser de vivre avant cette journée.
Beaux yeux, dont j' ay chanté la grace, et les appas,
Estes-vous si cruels de ne le vouloir pas ?
Sous quel estrange sort est mon ame asservie !
Complices de mes maux, beaux yeux, me plains-jeà tort ?
Lors que je veux mourir, on me donne la vie,
Et quand je voulois vivre, on me donnoit la mort.