Conseil d' amour.
Sonnet 41.
He bien ! Te voila pris, courage audacieux,
Qui mesprisois tousjours les filles les plus belles ;
Souffre aussi bien que moy mille peines cruelles,
Et ne blasphéme point contre l' arrest des cieux.
Possible que l' amour qui te suit en tous lieux,
En voyant de tes pleurs les sources eternelles,
Pour fuir, ta Philis te donnera des aisles,
Ainsi que pour la voir il t' a donné des yeux.
Mais cependant qu' il veut esprouver ta constance,
Tirsis, ne luy fay plus aucune resistance ;
Ta liberté vaut moins qu' une telle prison.
Idolastre tousjours la beauté qui te lie ;
Et comme en la blasmant tu fus plein de folie,
Tesmoigne en l' adorant, d' estre plein de raison.