L' esté d' amour.
Sonnet 48.
Le ciel est tout en flâme, et la terre allumée
Exhale jusqu' au ciel l' ardeur de ses regards ;
Les herbes et les fleurs seichent de toutes parts,
Et n' ont aucune humeur qui n' en soit consumée.
Cloris que j' aime tant, et que j' ay tant aimée,
N' impute qu' au soleil tant de brasiers épars ;
Mais moy qui vois ses yeux pleins de feux, et de dars,
Je croy qu' ils rendent seuls la nature enflâmée.
Du matin jusqu' au soir, du soir jusqu' au matin,
Cent petits corps aislez au muffle elephantin,
D' un murmure confus m' estourdissent l' oreille.
Ce ne sont point cousins, ce sont petits amours,
Qui troublent mon esprit, soit qu' il dorme, ou qu' il veille,
Et sous ces corps volans ils m' obsedent tousjours.