L' hyver, et l' esté.
Sonnet 49.
Les fleurs ne brillent plus au sein de la prairie,
La glace rend le pied douteux et chancelant,
Le ciel qui m' éclairoit n' est plus estincelant,
La terre perd l' humeur dont elle estoit nourrie.
Les vents tonnent par tout d' une estrange furie ;
La Seine sent son cours si tardif et si lent,
Qu' elle prevoit enfin que ce froid violent
Rendra ses flots captifs, et sa source tarie.
Ainsi, mon cher Damon l' hyver en tous endroits,
Soubmet à la rigueur de ses puissantes loix
Ce que l' onde et la terre ont de sec, et d' humide.
Son pouvoir en moy seul se trouve limité ;
Car si l' hyver s' estend jusqu' au coeur de Cloride,
Je sens pour elle au coeur les chaleurs de l' esté.