La merveille d' amour.
Sonnet 64.
Que je trouve d' appas dans ces jeunes beautez,
Dont la nature et l' art ornent vostre visage !
Ou l' homme est sans raison, ou n' en a pas l' usage,
Qui voit, sans adorer, tant de divinitez.
Pardonnez, beau sujet de mes felicitez,
Aux premieres erreurs de mon apprentissage ;
Si jusqu' icy mon coeur fut changeant et volage,
Il s' arreste, et vous rend ce que vous meritez.
Je cesse d' admirer le ciel, la terre, et l' onde,
Puisque vous surpassez les merveilles du monde,
Le ciel n' a qu' un soleil, on en voit deux en vous.
La terre tout l' hyver est couverte de glace,
Vostre âge est un printemps tousjours vert, tousjours doux ;
L' onde est plaine d' escueils, et vous pleine de grace.