L' amour eternelle.
Sonnet 81.
Grand Balzac, qui connois les secrets de nature,
Et dont le rare esprit plein d' un sçavoir divers,
Est un saluste en prose, est un virgile en vers,
Qui doit porter ta gloire à la race future.
Si le flot pousse l' autre, et si l' aspre froidure
Qui fait tomber les fleurs, et les feüillages verds,
Cede au jeune printemps, qui rend à l' univers,
Sa premiere chaleur, sa premiere verdure.
Si devant le soleil l' obscurité s' enfuit,
Si le jour plus serain cede aux feux de la nuit,
Et si dessous le ciel tout passe, ou tout se change ;
Verray je donc Cloris, m' obseder nuit et jour ?
Et dans la passion que j' ay pour ce bel ange,
Verray-je eterniser sa haine, et mon amour ?