Les feux de joye, apres la prise de La Rochelle.
Sonnet 53.
D' où vient tant de clarté ? Dieux ! Qu' est-ce que je voy,
Qui perce de la nuit les tenebreuses toiles ?
Seroit-ce la splendeur du ciel, et des estoiles,
Ou le flambeau de Dieu qui m' impose la loy ?
Si c' est un feu qu' on vouë au retour de mon roy,
Qui vient de surmonter le party des rebelles,
Qu' amour en l' approchant n' y brusle t' il ses aisles ?
L' ingrat ne pourroit plus voler jusques à moy.
Agreable tyran des innocentes ames,
Modere dans mon sein la rigueur de tes flâmes,
Cesse d' estre cruel pour estre complaisant.
Ou s' il faut qu' à jamais je te serve de proye,
Fais comme ces brasiers qui flambent à present,
Que le feu de mon coeur ne soit qu' un feu de joye.