La joye traversee.
Sonnet 45.
Ô que je me plaisois dans cette solitude,
Où je pensois finir mes ennuis, et mes jours !
Où mon amour croissant produisoit mille amours,
Qui me divertissoient dans mon inquietude.
C' estoit là que Claudine estoit ma seule estude,
Qu' elle avoit mes pensers, qu' elle avoit mes discours,
Qu' à tout autre entretien tous mes sens estoient sours,
Et que j' y renonçois à toute autre habitude.
Douce felicité, qui ne fais que passer !
Malheur, qui me poursuis, et ne me peux laisser,
Faut-il qu' à ce vautour mon coeur serve de proye ?
Puis que dans ce beau lieu, Claudine, tu te meurs,
Si val joyeux m' estoit un heureux val de joye,
Il ne m' est plus qu' un val de misere, et de pleurs.