Aux zephirs.
Sonnet 72.
Zephirs qui parfumez l' émail de cette plaine,
Et frisez à longs plis le cristal de ces eaux,
Puisque je me vois seul au bord de ces ruisseaux.
Je veux vous découvrir mon amour, et ma peine.
Desja le chien celeste, et son ardante haleine
Ont deux fois effacé ces fleurs et ces rameaux,
Depuis que de Cloris les beaux astres jumeaux
Ont embrasé mon coeur d' une ardeur inhumaine.
La cruelle qu' elle est se rit de mes soupirs,
Et se monstre si froide au feu de mes desirs,
Que ces rochers affreux n' ont pas tant de froidure ;
Reprochez luy, zephirs, son courage endurcy ;
Et soupirez si bien les peines que j' endure,
Que d' amour, ou de honte elle soupire aussi.